Newsletter 454 du 14 avril 2020
Sommaire:
- Edito :
- Bernard Stalter
- Paiement taxe sur les salaires
Edito 454
«
Attention aux empreintes, et aux autres
précautions… »
Il vaut mieux
prévenir que guérir
. Jamais l’adage
n’a paru si important, surtout si l’on ne sait pas guérir.
S’il est un élément éminemment important à
prendre en compte dans les laboratoires, c’est le traitement des empreintes à
l’arrivée dans les locaux.
L’actualité
nous ramène aux virus, mais aussi aux agents pathogènes qui sont des
particules microscopiques invisibles à l'œil nu. On ne peut pas discerner dans
la vie courante les objets contaminés de ceux qui ne le sont pas. Comme on ne
peut pas voir le virus, on peut supposer qu'il est partout.
Même si l’on
peut considérer qu’il est de l’entière responsabilité des praticiens de
désinfecter
tout ce qui peut être
potentiellement porteur de virus, microbes ou bactéries, venant de la bouche
d’un patient,
la seule ligne de conduite est de
considérer que tout patient est potentiellement porteur d’un agent
infectieux.
On ne peut pas exclure que l’empreinte dentaire
mal désinfectée en provenance du cabinet dentaire recèle encore des agents
infectieux issus du sang, de la salive du patient ou ait été contaminée pendant
le transport :
risque bactérien (tétanos), viral
(Covid 19, hépatite, herpès, VIH...), fongique (mycoses)... La
transmission peut s’effectuer lors d’une coupure ou piqûre ou par contact
manuporté avec les muqueuses buccales.
Par conséquent il faut procéder
systématiquement à une désinfection des empreintes et autres éléments
prothétiques
. Ceci est une ligne de
conduite à adopter, sauf si les procédures de désinfection ont bien été
transmises au laboratoire par le cabinet avec la fiche de liaison, sous
réserves, et ceci n’excluant nullement une double précaution.
L’empreinte
doit être considérée comme contaminante car la bouche est un milieu
septique, le sang et la salive, étant les supports idéaux de
contamination.
Tous les
matériaux et prothèses dentaires venant du cabinet dentaire peuvent
également rentrer dans cette catégorie
(cires d’occlusion, plaques métalliques, essayages
divers etc.) éventuellement à un degré contaminant différent, mais non
improbable.
Il est prouvé
que certains de ces micro-organismes sont également retrouvés sur les modèles en
plâtre coulés à partir des empreintes concernées. De plus, l’étude de
KOHN et al. (2003) mentionne que certains de ces micro-organismes peuvent
persister sur les modèles en plâtre jusqu’à sept jours après la
coulée.
Risques
avérés :
Il existe des cas documentés d’accidents de
contamination, au virus de l’hépatite B, de techniciens de laboratoires de
prothèses après exposition à des matériaux contaminés (CONNOR 1991).
De plus, d’après l’article de MULLER et BOLLA
(1999)**,
l
es personnels de laboratoire présenteraient un taux de
portage de l’hépatite B plus élevé que les personnels dentaires
signifiant qu’ils sont donc bien confrontés à des micro-organismes au sein du
laboratoire de prothèse dentaire.
Contamination
croisée
L’exemple le
plus frappant de la contamination croisée dans nos laboratoires se trouve dans
le bac de ponce pour le polissage dans lequel peuvent se mélanger dans un
milieu humide toutes sortes de germes pathogènes pouvant se transmettre, lors
des arrivées et départs de prothèses devenues contaminantes entre elles. Ne pas
oublier à cette occasion que le grattage d’une prothèse résine déjà portée par
un patient, et non désinfectée peut, elle aussi, être porteuse de risques
infectieux.
Recommandations
françaises d’après la direction générale de la santé (2006) et la commission des
dispositifs médicaux de l’association dentaire française
(2011)
"Un point fondamental est la communication : la
réalisation de la désinfection ou son absence, doivent être mentionnées sur la
fiche de liaison entre le praticien et le prothésiste. Les prothésistes devront
être informés des procédures de désinfection
réalisées."
Cet article est un condensé de
recommandations et non pas de solutions
.
Vous trouverez ces dernières dans les documents de référence en annexe. Au
regard des différentes empreintes arrivant des cabinets dentaires, des réponses
doivent être adaptées en fonction de leur stabilité dimensionnelle et de leur
hydrophilie
.
Mais n’oubliez pas
également tous les autres matériaux potentiellement contaminants àprès
l’essayage.
Le risque
infectieux dans la chaîne prothétique reste encore aujourd’hui assez
méconnu, toutefois, quelle que soit la technique, ou le matériau utilisé,
on ne pourra jamais prétendre réaliser une éradication totale des
micro-organismes correspondant à une stérilisation, seule une méthode de
désinfection est envisageable.
Bien sûr,
le
port des gants et du masque semble désormais être une évidence pour tous.
Le futur sera numérique et rendra obsolète certaines recommandations. Nous n’en
sommes pas encore là pour l’ensemble des actes prothétiques.
Quant à moi,
je serais amené à considérer que l’empreinte, dans une
certaine logique, pourrait être un DMSM invasif, même si je devais choquer plus
d’une personne.
On peut classer les comportements en deux
catégories. Il y a les personnes qui surestiment la menace et celles qui la
négligent.
Ne négligez rien, quand vous
reprendrez le travail dans les laboratoires.
Jean-Jacques Miller Sg de l’APD
jjmiller@apd-asso.fr
**
les cahiers de prothèse n° 107
du 01/09/1999. Décontamination des empreintes et modèles en plâtre. Matériaux
Auteurs : Michèle Muller Marc Bolla
Désinfection des empreintes : étude au CHRU de
Nancy. Mariette Caïone
>>>
La thèse du Dr
CaÏone
H.Achour,Y.Cheikh,K.Kaoun
Service de Prothèse Adjointe - CCTD Casablanca>>>
Le dossier
Les adhérents de "
France Prothèse
Dentaire" peuvent également consulter les fiches Risques et
préventions, dans leur espace réservé :
Risques cancérogène chez les prothésistes
dentaires
Risques infectieux en prothèse
dentaire
Prévention des risques professionnels chez
les prothésistes dentaires
Maladies respiratoires chez les prothésistes
dentaires..etc