
Tableau
d'honneur à Claude Landez

Claude Landez :
prothésiste humaniste
Claude avait un charme et un pouvoir d’attraction
lorsqu’il intervenait
.Claude était
avant tout un homme généreux et disponible. Rentré en urgence de Corse en 2008
et après avoir été opéré du cœur, j’avais eu une conversation téléphonique,
alors qu’il était sur son lit d’hôpital, concernant sa future participation à
« nos rencontres APD » auxquelles il comptait fortement participer.
La Corse justement qu’il rejoignait
souvent
, pour séjourner dans sa maison à
Pinarellu où ses voisins s’appelaient Stéphane Freiss, Michel Sardou ou Michel
Constantin. Ce dernier, acteur de cinéma reconnu, après avoir été capitaine de
l’équipe de France de volley, animait un club de ce sport à Pinarellu… Où le
rejoignait Claude. J’ai appris, en faisant ce tableau d’honneur que Claude
pratiquait également le volley et avait créé une « corpro » de volleyeurs, avec
les employés de son labo et d’autres prothésistes dentaires dans les années
soixante-dix. La Land Rover trônait à côté de sa maison, symbole de tous ses
périples africains. En la voyant, on se mettait immédiatement à
rêver.
D’origine Ardéchoise et Aveyronnaise, Claude
avait créé un laboratoire à Issy les Moulineaux, puis s’était associé à trois
autres prothésistes dentaires, Jacques Gastine, Bruno Honoré, Jacques Lerondeau,
pour créer LDA avenue du Maine 75014 Paris, l’un des plus importants
laboratoires de la région parisienne.
Lorsque nous
voyions Claude animer une conférence
on ne
pouvait que le respecter. Il a fait partie des vingt glorieuses années de notre
profession entre 1965 et 1985 au cours desquelles la céramique a tellement
évolué, mais avec tellement d’échecs, que nul ne les ayant vécus, ne peut
imaginer. Il a donné ses lettres de noblesse à notre profession avec les
meilleurs des prothésistes dentaires de l’époque (
Lagneaux, Pichard. Michaelli, Pradoux, Ollier,
Lambart, Ganzo, Landez, Hugon, Gastine.) Une époque où la céramique
dentaire était une véritable épopée. Ce fut le début des interventions publiques
et des conférences, où les prothésistes dentaires communiquèrent, aussi bien sur
leurs échecs techniques que sur leurs succès.
D’introvertis, ils devinrent extravertis, avec l’aide
de courageux dentistes et stomatologues.
Modeste et généreux, il aimait conseiller,
enseigner et dispenser son savoir qui était immense.
Bruno Giordano me disait garder le souvenir, où venant
de s’installer, Claude était venu dans son laboratoire, l’encourager en lui
souhaitant une belle réussite, ce qui fut fait.
Il était aussi
capable de s’émerveiller devant l’apparition de la CFAO, avec une petite
inquiétude, un changement d’époque. Quant aux importations de prothèses
chinoises, nous avions le même point de vue.
Il avait aussi «
bourlingué » avec Marcel Louvet Fondateur de la Société Franco-Suisse
(devenue Fransor) et je me souviens de toutes ces
incroyables anecdotes recueillies lors d’un déjeuner préparé par Marcel, dans
son usine, en janvier 2006.Q quel personnage également, avec des ombres et de la
lumière.
Claude avait créé TAA, « Trans Africa Association
», Association de terrain née en 1984 d’une collaboration avec le
Dr Robert Bugugnani
, enfant spirituel du grand Leibowitch, composée de
professionnels et de coopérants bénévoles résolus à apporter leur contribution
dans le domaine de la santé, de l’éducatif, du sanitaire et du social. C’est au
Burkina Fasso, pays démuni de l’Afrique sahélienne que se sont portés tous ses
efforts pendant ces 25 dernières années. TAA a notamment réalisé 27 équipements
dentaires complets et 1 laboratoire de prothèse dentaire entièrement équipé au
CHR de Ouahigouya
En tout, 75
missions furent menées à bien.
Trouver des donateurs, acheminer produits
pharmaceutiques, médicaux, dentaires, et jusqu’à même apprendre la
céramique aux prothésistes locaux, ce fut l’infatigable bénévolat de Claude et
de Michèle, avec qui il devait fêter ses noces d’or.
«
Tout cela est le
fruit de l’engagement d’une espèce rare, générosité et altruisme bien dirigés,
celui d’un couple que tous ceux qui ont le privilège de le connaître n’ont pu
qu’aimer et admirer : Claude et Michèle, sa femme son alter ego. » disait
Docteur Robert Bugugnani (décédé en décembre 2019) lors de ses
obsèques.
Autant d’actions qui ont été
récompensées
en 1995 par l’Ordre du
Mérite Burkinabé pour services rendus à la Nation, après celui de l’Ordre du
Mérite français en 1977. Médailles qu’il ne portait jamais, dont il ne parlait
jamais. Il ne ressentait pas le besoin de se montrer, modestie
oblige.
Claude avait
été
CET (
Conseiller de
l'enseignement technologique) à l'Éducation Nationale, et l’un des fondateurs
Club Français de Céramique en compagnie
du professeur
Raymond Leibowitch qu’il
présida également. « Leibo » qu’il faudra bien aussi honorer, un homme de
caractère, humaniste lui aussi, qui venait avenue du Maine pour échanger et
partager, leurs propres expériences professionnelles.
Il intervenait parfois au sein du syndicat parisien
des prothésistes dentaires pour motiver notre profession
à se battre pour un niveau
supérieur d’enseignement, type bac +3. Il avait également parmi sa clientèle le
professeur Guy Penne, doyen de la faculté dentaire qui devint conseiller du
président Mitterrand.
Claude était
aussi expert judiciaire près de la Cour d’Appel de Paris
. Par ailleurs, il donnait
régulièrement des conférences en France et à l'étranger et il était l'auteur de
nombreuses publications. Ses relations étaient éclectiques, ce qui enrichissait
son savoir et son humanisme.
Parmi les truculentes histoires qui ont émaillé sa
vie
, celle
d’avoir appareillé un célèbre Président d’Afrique très lié à la France et
réciproquement. Claude était arrivé en compagnie de Robert Bugugnani à
l’aéroport de cette capitale africaine où les attendait en grande pompe Mercedes
blanche et cérémoniale. Travail en binôme effectué avec succès, quelques mots
malencontreux échangés dans leur chambre d’hôtel et ayant été interceptés par
des gens dont c’étaient le métier, ils furent priés de quitter le pays par le
premier avion venu…
Dans ces tableaux d’honneur à notre
profession
,
j’ai voulu honorer les personnes, qui en plus de leur métier, se sont données
corps et âme à des passions et à des actions continues. Claude Landez, c’était
la générosité qui faisait partie de sa nature « il avait compris qu’un don ne
devait pas être un abandon » (Robert Bugugnani). Avec
Michèle, il récoltait du matériel et des
produits spécialisés (médicaments, équipement dentaire de cabinet et de
laboratoires.) mais pour être certains qu’ils arriveraient bien à destination,
ils participaient à leur transport routier et à leur distribution. «
Claude Landez s'acquittait de ce véritable apostolat,
avec silence et modestie. »
Nous l’avons quitté
dans une église remplie de tous ses très nombreux amis en novembre 2008,
accompagné d’un orchestre de jazz qu’il aimait tant, pour le cimetière
Montparnasse.
Une phrase
parcourue l’assistance résumant l’ami de tous les prothésistes dentaire «
Claude, on te croyait presque éternel. Ton cœur t’a
trahi, toi qui en avais tant. »
Jean-Jacques
Miller jjmiller@apd-asso.fr
Ps : Je tiens à
remercier
Philippe Landez, Claude Canton, Michel
Cavaillez..de m’avoir apporté leur témoignage pour ce tableau
d’honneur.
P.s :
Être humaniste c’est travailler pour une
meilleure compréhension du monde, c’est la solidarité avec autrui, c’est faire
fi de sa vanité.
C’est
attribuer les mêmes droits aux hommes tout en sachant qu’ils sont
différents
.
C’est cultiver la
tolérance, c’est respecter l’homme. C’est donner à l’autre le droit de penser
autre chose que ce que l’on aimerait qu’il pense. C’est donner à l’autre le
droit d’exprimer autre chose que ce que l’on voudrait, en notre for intérieur,
entendre. C’est adapter son action à la capacité de recevoir de son partenaire,
C’est avoir du cœur tant en actes qu’en paroles, tant en paroles qu’en actes.
C’est enfin être convaincu que l’effort ne trouve sa récompense que dans sa
propre conscience....






P.s: Afin de complèter nos
tableaux d'honneur, nous recherchons tous témoignages concernant le Professeur
Raymond Leibowitch.
Ecrire: apd@apd-asso.fr